Diversification alimentaire menée par l’enfant, notre expérience

Si vous me suivez sur instagram, vous avez peut-être déjà vu passer en story ces derniers mois la bouille de mon fils recouverte de purée, d’avocat écrasé… avec quelques brocolis en supplément dans les cheveux. Parce qu’il faut bien un jour sortir de la routine « biberon only please ! », je vais vous partager notre expérience concernant la diversification alimentaire de Milo, nos choix, nos craintes, nos appréhensions, tout ça tout ça quoi. Je vais aborder ce lancement dans le grand bain qu’est la diversification, les prérequis, les mythes encore bien ancrés… mais surtout je vais vous parler alimentation autonome. Je dirais bien DME (diversification alimentaire menée par l’enfant), mais j’ai toujours « peur » que des « extrémistes » (ouais le mot est fort, j’en parlerais plus loin), las d’effrayer d’autres parents sur des groupes facebook, viennent me chercher des poux concernant certains de nos choix. Bon mais je risque de dire DME quand même hein parce que c’est plus rapide à dire que diversification autonomie et qu’en vrai c’est complètement l’idée. Voilà.

1 – Avant de commencer (promis après je commence hein), j’aimerais insister sur deux points :Je vous partage dans cet article mon expérience en tant que parent, avec mes réalités, mes envies, mes contraintes, en prenant en compte le rythme et de développement de mon fils. Chaque bébé est unique. On le lit partout mais c’est tellement important de le redire. Et ça marche aussi sur les parents. Ce que je vous partage n’est pas la vérité absolue, LA démarche à suivre absolument. D’ailleurs il n’y a pas UNE bonne façon d’amener la diversification alimentaire. La bonne façon c’est celle avec laquelle vous vous sentez à l’aise, en confiance. Parents sereins = bébé serein (ou en tout cas qui a plus de chance de l’être haha). Je vais vous expliquer mes choix ici, mais si vous n’avez pas emprunter le même chemin, ou ne souhaitez pas le faire, il n’y a aucun problème à ça. J’insiste bien car je ne veux surtout pas générer de la culpabilité en quelqu’un. La parentalité est assez marquée par le doute, le sentiment de mal faire, pour que moi j’en rajoute une couche !

2 – Je ne suis absolument pas professionnelle dans le domaine de l’alimentation, que ce soit des adultes comme des tout petits. Encore une fois j’écris cet article dans une démarche de partage, mais ça ne substitue pas aux conseils d’un professionnel de santé. Alors oui beaucoup se contredisent entre eux, mais je crois que c’est encore pire avec internet et les réseaux sociaux, qui nous inondent d’informations, parfois sans fondement. Tout ce que je vais amener dans cet article je ne l’ai pas inventé, deviné : ça se base sur les conseils et savoirs apportés par des professionnels que je ne manquerais pas de vous citer.

Il y a quelques mois j’étais totalement perdue à l’idée de me lancer dans la diversification, entre mes envies et les zones de flous. Mais ce que je savais c’est que j’avais très envie (et ça depuis ma grossesse) de tenter la diversification menée par l’enfant.


Oui bah ok mais kessessé la DME ? L’intérêt ?

La DME est une méthode de diversification alimentaire qui donne un rôle central au bébé dans sa découverte alimentaire, et de lui proposer la plus grande variété possible d’aliments et de textures dès le début. Concrètement cela revient à proposer le plus tôt possible des morceaux à son enfant, dans la mesure où tous les feux sont au vert et que certaines règles de sécurité soient respectées (on en parle un peu plus tard). Je trouvais ça G-E-N-I-A-L de pouvoir l’éveiller dès le départ aux différentes textures des aliments, à leurs odeurs, leurs couleurs et leurs goûts (bah oui quand même) dans leur individualité, sans que tout ne soit mélangé et réduit en purée. A l’introduction précoce des aliments solides, s’accompagne l’un des fondamentaux de la DME : laisser l’enfant manger seul. Alors oui à 4-6 mois clairement on est pas dans la maîtrise de la fourchette ou de la cuillère. L’enfant est libre de manger avec les doigts et de découvrir les aliments à son rythme, en les appréhendant d’abord avec les mains avant de décider (ou non) de les mettre à la bouche. Je trouve ça formidable (oui je vais abusé des adjectifs dithyrambiques), car du coup il est dans une totale maîtrise de sa découverte alimentaire, qu’il va vivre plus sereinement et en confiance. Autre chose qui pour moi était assez secondaire mais qui m’a bluffé avec la DME : les progrès en motricité fine que ça peut générer. Car ça demande quand même pas mal de concentration, d’efforts et de dextérité à nos (encore) tout petits bébés d’attraper les morceaux et les porter en bouche. Mais ça lui a permis de progresser de façon fulgurante (ok je me calme avec les adjectifs) au niveau de la motricité fine, et de savoir rapidement manger seul avec des couverts. Oui, car non les couverts ne sont bien évidemment pas bannis en DME, votre enfant ne mangera pas avec les doigts jusqu’à ses 10 ans parce que vous êtes passés par le DME, mais on en parle plus loin également, de ça et des autres préjugés ou croyances autour de la DME.

Petite parenthèse : même si cette méthode de diversification alimentaire peut sembler déroutante, elle n’a rien de très extraordinaire. Elle est plutôt courante dans certaines cultures traditionnelles (car si on y réfléchit bien c’est finalement c’est plus intuitif que de donner de la purée soit même à son enfant), et elle fait parti des recommandations des autorités de santé canadienne. Personnellement on en a parlé très tôt à nos proches, notamment à nos parents. Ils étaient super dubitatifs au début, n’y voyaient pas vraiment l’intérêt, mais ils sont devenus très vite absolument convaincus et fan par la suite en voyant mon fils gober ses morceaux de brocolis comme un grand.


Quand est-ce qu’on peut commencer la DME ? Quelles sont les règles de sécurité ?

Aujourd’hui il est recommandé (même si les avis divergent) de commencer à diversifier l’alimentation de son enfant aux alentours de ses 4 mois (bien sûr toujours faire un point avec son médecin/pédiatre avant). Il n’y a pas vraiment d’intérêt nutritionnel à le faire avant ses 6 mois (le lait maternel ou infantile couvre ses besoins), mais ça reste intéressant sur le plan de la découverte alimentaire (surtout si l’enfant se montre intéressé par la nourriture, c’est dommage de le freiner), ainsi que pour l’introduction des allergènes.

Néanmoins, à 4 mois l’enfant n’est pas prêt physiologiquement à gérer les morceaux (réflexe nauséeux encore trop en avant, manque de tonicité…). Il faudra attendre ses 6 mois environ pour ça. Est-ce que ça veut dire qu’on ne peut pas donner de la purée ou des compotes à son enfant avant ? Non, mais on en parle plus tard dans les fausses croyances de la DME.

Le signe qui montre que l’enfant est prêt à passer aux morceaux est le fait qu’il tienne assis seul (et non pas qu’il sache se mettre assis seul) sur sa chaise haute, avec un léger soutien si besoin. Mais il doit être droit (à 90°C) pour que les aliments passent de façon sécuritaire. Bébé doit aussi avoir une mâchoire prête à mastiquer. Si vous le voyez mâchouiller tout ce qui passe avec énergie c’est que c’est bon.

On donne à bébé des aliments adaptés en fonction de ses possibilités : Le mieux pour commencer étant des fingers food avec une texture fondante (des petits flans de légumes, des fruits bien mûrs, des bâtonnets de légumes bien cuits). L’idée sera ensuite de faire évoluer les textures au fur et à mesure de la progression de votre enfant.

Autre point essentiel : On reste toujours avec son enfant pendant le repas. Même si la texture des aliments donnée est adaptée à votre enfant, le risque zéro d’étouffement n’existe pas. Alors soyez toujours vigilants (pas flippés hein, en confiance mais vigilants), si possible dans un cadre calme, sans TV ni autres divertissements qui pourraient venir déconcentrer bébé.

Aussi c’est important de connaître les gestes de premiers secours à pratiquer en cas d’étouffement sur un enfant aussi jeune (le mieux étant de faire une formation), et ça vous rassurera si l’idée d’introduire les morceaux vous stresse. C’est également bien de se renseigner sur la différence entre une fausse route, un réflexe nauséeux et un étouffement, pour savoir quand et comment réagir.

On évite de mettre ses doigts dans la bouche de son enfant, notamment en cas de réflexe nauséeux, ou gag reflex en anglais, (tu sais le haut le cœur de quand tu te mets les doigts dans la gorge) pour récupérer un aliment. Votre enfant n’est pas en danger, mais vous risquez de l’y mettre avec cette réaction en poussant l’aliment vers les voies aériennes. Le gag reflex est un mécanisme de protection des voies aériennes justement en réaction à un intru. A la naissance ce réflexe est placé très en avant dans la bouche et va reculer petit à petit au fur et à mesure des sollicitations (lorsque l’enfant va mâchouiller des objets, jouets de dentition, des morceaux). Il est très fréquent en début de DME, et va dépendre de la sensibilité de l’enfant, de la texture, la grosseur de l’aliment en bouche, si ça fait longtemps qu’il l’a en bouche… Parfois bébé finira par avaler ce qu’il a en bouche, parfois il va le recracher et le vomir même parfois. Au début ça peut impressionner, car c’est bruyant, ça donne l’impression qu’il s’étouffe, alors que pas du tout. Le mieux à faire dans ces cas là, c’est de dire à son bébé que c’est normal, que c’est très bien (« Yes tu gères trop bien bravo !« ) et rester serein. Ce n’est pas douloureux pour l’enfant, mais ça peut être gênant ou surprenant pour lui. Il peut totalement continuer à manger à la suite d’un gag reflex, ou décider de couper court à son repas si l’expérience fut un peu désagréable.

Dernier point, à la fois pour le confort et la sécurité de l’enfant : je vous conseille une chaise haute avec un repose pied, plus confortable et rassurant pour l’enfant que d’avoir les pieds qui pendouillent dans le vide. Il n’en sera que plus concentré. Aussi, on préférait ne pas attacher notre fils (du moins on n’utilisait pas les sangles qui lui venaient sur les épaules) sur sa chaise haute pour qu’il puisse se pencher à sa guise s’il avait besoin de recracher quelque chose.


Mythes et croyances sur les morceaux et la DME

Quand j’ai commencé à m’intéresser à la DME, j’ai un peu pris peur en voyant les variations de discours, notamment sur les réseaux sociaux de parents pro DME (alala les perles qu’on trouve parfois). Mais je me suis mis à suivre des professionnels présents sur les réseaux sociaux dont l’un des cœurs de partage est justement l’alimentation autonome. Donc ils savent un peu de quoi ils parlent quoi (plus que @Moniquedu38 qui compare limite le fait de donner un cuillère de purée à son bébé à un viol. Ne cherchez pas ce compte n’existe pas, fin je pense pas). J’y ai trouvé de la nuance, et surtout des discours concordants, qui m’ont beaucoup aidé à avancer sereinement dans la diversification de mon fils. J’ai été notamment accompagné par la plateforme Hamstouille, avec les conseils précieux des diététiciennes et de Julie, docteur en nutrition. Je me suis aussi nourrie des conseils d’orthophonistes présentes sur instagram, que je vous recommande de suivre si vous vous lancez dans l’aventure DME : @la_vie_dune_maman_ortho, @daroniefoodclub ou encore @seedsandcarry. Dans cet article je me contente de vous partager les conseils que j’ai puisé dans leurs contenus (en faisant le parallèle avec mon expérience), qui m’ont permis d’y voir plus clair sur toutes les idées reçues, les craintes et fausses croyances autour de la DME :

1 – Mon bébé n’a pas de dents, il ne peut pas gérer les morceaux : On est vite étonné de voir que les bébés se débrouillent très bien avec les morceaux sans dents. Ils vont en fait venir écraser les aliments avec leur langue sur le palais, ainsi qu’utiliser leurs gencives qui sont assez puissantes mine de rien.

2 – Mais il va forcément s’étouffer : Déjà si on suit bien les consignes de sécurité précisées plus haut, il n’y a pas plus de risque d’étouffement que dans une diversification plus « classique ». Pour vous assurer en début de diversification que la texture des aliments est adaptée, faites le test vous même : vous devez pouvoir les écraser facilement avec les doigts. Ensuite faite confiance à votre bébé : Quand vous voyez que la texture fondante est bien maitrisée au bout de quelques semaines, vous pouvez passer à du crousti-fondant, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il mange comme vous au bout de quelques mois. Les aliments sur lesquels il faut être attentifs sont les aliments durs, les oléagineux (dont le risque est double car certains sont petits et arrondis), ou encore la pomme ou la carotte, qu’il faudra bien cuire en amont.

3 – Il va manger avec les doigts jusqu’à ses 10 ans en faisant comme ça : Les bébés adorent nous imiter, donc au fil du temps et du développement de leurs compétences motrices, ils adopteront les couverts naturellement petit à petit. Nous ce qu’on a fait c’est qu’on les lui posait à côté de son assiette, surtout vers ses 7-8 mois. Il ne les utilisait pas forcément mais petit à petit il les a adopté naturellement, notamment en nous voyant faire.

4 – Pas de purée avant et pendant la DME : Je crois que c’est l’injonction qui m’a le plus effrayé quand je me suis renseignée sur la DME. « Si tu donnes de la purée avant de commencer la DME tu vas faire disparaitre son gag reflex et il y aura risque d’étouffement ». Dans ma tête je me suis dis : « Non mais si le simple fait de donner de la purée à mon enfant peut le mettre en danger ensuite avec le passage aux morceaux, clairement c’est qu’il y a un truc qui va pas dans le bordel ». Non mais puis du coup comment font tous les bébés qui suivent le schéma traditionnel purée pendant plusieurs mois puis morceaux ? Ils s’étouffent tous ? Non je ne crois pas. Et effectivement c’est l’une des plus grosses fausses croyances de ce que j’appelle les « extrémistes de la DME » qui sont juste parfois mal informés : il est tout à fait possible de commencer à 4 mois révolus (si bébé montre de l’intérêt) les purées et les compotes avec son enfant avant de passer aux morceaux à 6 mois ou plus. Au même titre qu’on peut donner des morceaux ET des purées/compotes en DME. La texture lisse est une texture comme une autre. En plus, en début de DME certains aliments sont délicats à introduire en morceaux (la volaille par exemple, ou les oléagineux), donc c’est bien de pouvoir les introduire quand même sous forme de purée. Le geste moteur est différent lorsque bébé vide une cuillère de purée avec ses lèvres que lorsqu’il prend un morceau. Il faut lui faire confiance, il sait différencier. De plus, le gag reflex ne va pas disparaître complètement avec les purées. Il va continuer à reculer grâce aux différentes sollicitations qu’il aura (jouets de dentition, morceaux…). D’ailleurs j’en parlerais en détails plus loin mais nous avons commencé par les purées, les compotes et tout s’est bien passé à 6 mois pour le passage aux morceaux (même si on est d’accord, un cas n’est pas une généralité, mais bon voilà c’est pour vous dire qu’on a fait comme ça quoi).


Concrètement, notre expérience

A l’heure où j’écris ses lignes, mon fils a 18 mois. Donc clairement je pense qu’on peut dire qu’on est dans l’after DME. Donc je peux facilement émettre un bilan sur notre expérience.

Le début : 4 – 6 mois

On a attendu que Milo montre quelques signes d’intérêt pour le contenu de nos assiettes avant de se dire « allez, zépartiiiii ». Mais zéparti tranquille tu vois. Il avait 4 mois et quelques, donc pas de morceaux pour le moment, ce qui n’empêche pas une découverte autonome. On a commencé à le prendre avec nous à table, sur nos genoux (certains le font aussi sur un transat), en lui donnant une cuillère (plus précisément les pré-cuillères Num Num, voir plus bas) qu’on pré-remplissait avec un peu de purée et de compote.

On lui donnait ainsi la cuillère de façon à ce qu’il l’attrape avec sa main, pour qu’il puisse ensuite la porter à la bouche. On a eu quelques grimaces, des têtes de satisfaction, des mises à la bouche très aléatoires. Mais au fil des semaines, ça devenait heureusement moins hasardeux, jusqu’à ce qu’il parvienne à ne plus s’en mettre sur le front (true story). Par contre j’avoue, au cours du 5ième mois il nous tardait un peu que notre fils soit prêt à passer sur la chaise haute. Car en l’ayant sur nous, bah la purée on en prenait aussi hein. Et en plus d’être un peu salissant, mine de rien ça prend du temps de le laisser faire plutôt que de donner la becquée. On a eu de la chance de pouvoir être deux à la maison (merci covid) sur cette période, se relayer, et ainsi faire ce rituel tous les midis. Je ne conseillerais pas forcément de le faire le soir aussi tôt, car pour de si petits bouts de chou c’est quand même pas mal d’efforts, donc il vaut mieux prévoir un temps où il n’est pas trop fatigué. Au même titre qu’il est important de lui assurer un environnement le plus calme possible, avec le minimum de distractions. Et je dirais que ça s’applique pour les premiers mois de DME, pour que ces moments assez énergivores pour eux (en terme de motricité, de découvertes sensorielles) se passent dans les meilleures conditions, pour éviter de les mettre dans une situation d’échec et de frustration. Et là, à moins que vous gardiez encore bébé à la maison avec vous, vous allez me dire « mais du coup c’est mort on pourra jamais le faire ». Parce que oui, les repas au autonomie pour de si petits bébés le soir, après le travail, la journée chez nounou ou à la crèche, c’est pas l’idéal. Cela dit ça ne vous empêche pas de le faire au repas du midi le week-end. Ce n’est pas grave si ce n’est pas systématiquement à chaque repas. Si bébé est nourri à la cuillère à la crèche ou par la nounou la semaine, et que vous lui proposiez en autonomie le week-end, c’est déjà super cool ! N’importe quel repas en autonomie est bon à prendre, même si ce n’est pas la majorité du temps. Après vous pouvez toujours en discuter avec la personne qui garde votre enfant : la DME fait de plus en plus parler d’elle et certain(e)s professionnel(le)s sont assez ouverts à ce sujet. Et aussi, si pour X raisons (manque de temps, fatigue…) vous n’avez pas l’énergie pour lui pré-remplir les cuillères, attendre qu’il porte à la bouche… c’est ok ! Vous pouvez bien sûr lui donner vous-même, et faire en autonomie le lendemain. Pour moi des parents sereins ça fait aussi parti des conditions favorables à un repas en autonomie, alors ménagez vous. Il ne faut pas subir ces moments, mais les vivre pleinement avec son enfant pour mieux l’accompagner dans ses découvertes.

Et bien qu’on essayait de toujours proposer des conditions favorables pour les repas, il arrivait malgré tout que notre fils s’agace, fatigue durant sa prise alimentaire, et ne veuille plus rien prendre. Quand ça arrivait, et qu’on voyait qu’il ne voulait plus manger, on insistait pas et on coupait court au repas, peu importe ce qu’il avait mangé. Avant ses 6 mois, il ne faut vraiment pas regarder la quantité de nourriture ingérée. Ce n’est pas important, on reste encore sur de la pure découverte, plus que sur un réel intérêt nutritionnel.

Concernant le contenu des purées et des compotes, on a fait très simples mais le plus varié possible. Plutôt du mono légume ou mono fruit, pour qu’il ait le vrai goût de chaque aliment, en ajoutant juste de l’huile après avoir réchauffé la purée.

On a aussi commencé à lui proposer de l’eau, dans une tasse à paille (référence plus bas dans l’article). Ce qu’il a apprécié dès le début.

On a également introduit les allergènes durant cette période (toujours un par un, sur 3 jours en augmenter peu à peu les quantités, et en faisant des pauses de plusieurs jours entre 2 allergènes). Forcément à ce stade on se limitait à introduire des allergènes sous forme de purées. Du coup on en a profité pour introduire les oléagineux via de la purée d’amande, de cacahuète, de cajou, que j’ajoutais dans ses compotes.

L’introduction des morceaux : 6 – 9 mois

Peu avant ses 6 mois, on a pu passer notre fils sur la chaise haute, puisqu’il y tenait avec un léger soutien. On a quand même attendu ses 6 mois pour attaquer les morceaux. On a commencé avec uniquement des aliments fondants, sous forme notamment de bâtonnets suffisamment longs pour qu’ils dépassent de sa main lorsqu’il les tenait. Ce qui marchait le mieux pour les débuts, c’était clairement les légumes et les fruits fondants cuits à la vapeur (carotte, patate douce, pomme de terre, courge, courgette, brocolis, chou-fleur, pomme…), mais aussi certains aliments crus mais bien mûrs et fondant (avocat, kiwi, banane…). Alors autant vous le dire, la majorité du temps tout finissait écrabouillé dans sa main. Surtout au début. Tu as tellement peur que ça ne soit pas assez fondant que tu as tendance à cuire un peu trop les aliments qui terminent en bouillie. Et c’est pas très grave. Ce que je faisais dans ce cas c’est que je récupérais les aliments écrasés avec les pré-cuillères, quitte à finir de les écraser, avant de lui tendre. Autres préparations qui fonctionnait bien même en début de DME : des pancakes bien fondants (de banane, de légumes), ou encore des petits flans individuels (que je cuisinais en quantité et que je congelais pour en avoir toujours à porter). L’avantage c’est que si vous utilisez des œufs pour les réaliser vous incorporer les protéines journalières en même temps. Car oui le sixième mois c’est aussi l’introduction des protéines. Ah cette fameuse étape ! Outre les œufs dans les préparations, j’aimais bien introduire les protéines avec des houmous (pois chiches et autres légumineuses), des sardines en boîtes (qui sont bien fondantes, faciles à saisir, et dont même l’arête se mange), les crèmes de volaille, du pavé de saumon… Sans oublier bien sûr parfois des purées et des compotes, car certains aliments sont difficiles à proposer en morceaux au début. Petit à petit, on a fait évoluer les textures (en passant de fondants à crousti-fondants), à proposer des aliments plus variés notamment en terme de féculents (pâtes, riz, pain…) qui deviennent réellement intéressant nutritionnellement lorsque bébé commence à se déplacer. Pour l’évolution des textures, faites vous confiance et faites confiance à votre enfant. Allez-y progressivement, testez, et reproposez plus tard si ça ne va pas. Quand il y a trop de gag reflex par exemple, c’est peut-être que bébé n’est pas prêt à gérer une texture, pas assez molle ou qui colle au palais par exemple. L’important à ce stade est de toujours éviter les aliments très durs qui pourraient venir obstruer les voies aériennes.

Encore à ce niveau de la diversification, il arrivait que notre fils perde patience durant ses repas, s’agace. C’est normal, comme je l’ai déjà dit ça lui demande encore beaucoup d’efforts de manger en autonomie. Quand ça arrivait, dans un premier temps on lui proposait notre aide. Car oui ce n’est pas parce que vous faites le choix de privilégier l’autonomie de votre enfant qu’il faut le laisser galérer avec son repas. C’est souvent arrivé que je l’aide à bien placer un morceau dans sa main, en portant la cuillère à la bouche s’il est demandeur (je ne parle pas de le forcer à avaler quelque chose hein). Ce qui était flagrant, c’est que souvent il finissait par me reprendre la cuillère et à continuer seul. Comme quoi ils prennent goût à être autonome. Et de façon générale à 7-8 mois, les repas se passaient mieux et il avait bien moins besoin de notre aide. Le fait qu’il maîtrisait petit à petit la pince pour attraper les petits morceaux, qu’il prenait l’habitude d’ouvrir le point pour manger ce qu’il y avait à l’intérieur… c’étaient des petites choses qui le rendaient plus autonome. Le « on pose et il dispose » commençait vraiment à prendre tout son sens.

9 mois et +

A l’âge de 9-10 mois, on a senti que notre fils avait franchi un stade dans la DME, qui devenait vraiment plus facile et agréable au quotidien. Déjà on a commençait à le faire manger également le soir (seul repas jusqu’à maintenant où il ne prenait encore qu’un biberon). On a vu une vraie évolution dans ce qu’il pouvait gérer comme morceaux, avec beaucoup moins de gag reflex (son amour pour les pâtes commence alors). Il perdait beaucoup moins patience à table, ne s’énervait plus. Quand il avait fini, il ne mangeait tout simplement plus, ou il jouait avec la nourriture, faisait du transvasement (oui clairement on est toujours pas au stade de la propreté par contre, et c’est ok). Il m’a semblé aussi temps d’introduire de vrais couverts, après avoir bien amorti les pré-cuillères num num. Et effectivement c’est à cette période que notre fils a commencé à essayer d’attraper les aliments seul avec sa cuillère ou sa fourchette. Au début c’était vraimeeeeeent très hasardeux, et il finissait toujours par y aller à pleines mains. Et même si c’était un petit peu à chaque repas, il a progressivement su gérer le remplissage de ses couverts, jusqu’à la mise à la bouche. A 12 mois il nous impressionnait dans sa maîtrise des couverts, et à 16 mois clairement il préférait manger avec plutôt qu’avec les mains (faut dire qu’en parallèle les mains sales, ça commençait à pas trop lui plaire).

On a aussi continué à faire évoluer les textures progressivement (l’apparition des dents a joué bien sûr), en lui proposant de plus en plus d’aliments crus, telle que les crudités, des fruits juteux, des morceaux de viande, et plus récemment la pomme ou la carotte crue. Continuez à vous faire confiance et allez-y pas à pas. Vous verrez vite si votre bébé est prêt ou non à gérer un aliment, car ils évoluent tous différemment au niveau de la mastication et il n’y a pas vraiment d’âge précis pour dire « cet aliment c’est ok, celui là pas encore… ».

Le transvasement en fin de repas, ce qui sauvait nos fins de repas au restaurant !

Bilan et après DME

14 mois après les débuts de la diversification, je peux dire qu’on ne regrette absolument pas d’avoir fait le choix de privilégier l’autonomie. Même si parfois c’était long, énergivore, salissant (surtout les premiers mois), c’était surtout un bonheur de le voir découvrir autant de variétés d’aliments et de textures. Et puis surtout il dévorait absolument tout, des morceaux de gruyère jusqu’au brocolis vapeur. On a appris à lui faire confiance, à le laisser gérer les quantités en fonction de ses sensations, pendant que de notre côté on gérait la qualité des aliments proposés. J’avais peur d’être en panique de le voir manger peu ou trop, mais au final on a su lâcher prise sur ces questions et tout s’est bien passé. Et outre le plaisir de le voir découvrir et manger de tout, sereinement, à son rythme, c’est aussi un confort absolu d’avoir pu rapidement cuisiner la même chose pour toute la famille (en adaptant parfois un peu, notamment vis à vis du sel qu’on ajoute après coup dans nos assiettes). Car oui au début c’est un peu fastidieux de cuisiner pancakes, croquettes, galettes… Mais même là rien ne vous empêche d’en faire votre repas également !

A 18 mois, on peut dire qu’on est vraiment dans l’après DME, dans le sens où il mange désormais de tout (hormis les aliments vraiment non sécuritaires comme les oléagineux entiers) et seul. Alors oui par contre il a tendance à renverser son assiette quand il n’en veut plus et à jeter les aliments au sol (ce qui est fréquent et normal, même si un poil énervant je vous l’accorde). Il entre aussi dans l’âge où il devient plus difficile, plus sélectif, trie dans son assiette ce qu’il veut et ne veut pas. C’est également normal à cet âge là (même si frustrant pour nous en repensant à notre gobeur de brocolis), car à 18 mois/2 ans c’est aussi l’âge où nos bébés grandissent et s’affirment. D’ailleurs dans cette phase « formidable », c’est fréquent que chez nounou, à la crèche ou chez papi et mamie, il continue à manger de tout (ah l’ingratitude), et ça même si ce sont les mêmes plats/aliments qu’à la maison. Avec ses parents, l’enfant est en confiance, peut être pleinement lui-même (youpi youpi) et ainsi respecter ses sensations. Certains repas sont plus faciles que d’autres, mais on essaye d’accepter cette phase de sélectivité (qui peut être plus ou moins longue et prononcée) le plus sereinement possible, en continuant à proposer de tout, à ne pas forcer, quitte à prendre vents sur vents.

Pour contrebalancer cette frustration (du côté des parents), à cet âge on a aussi la possibilité de créer plus facilement de l’intérêt de façon ludique chez nos bébés vis à vis de la nourriture. Notamment en les faisant observer et/ou participer à la préparation de certains repas, pour qu’ils aient conscience de la forme brute des aliments et des différentes étapes pour en arriver à ce qu’ils ont dans l’assiette. Je dis pas que c’est magique, mais ça peut être une façon de réactiver un peu de curiosité et d’attrait autour des repas et de la nourriture.

La tour d’observation, trop pratique pour élever bébé à hauteur d’adulte et le laisser participer en cuisine

Equipements en DME : mes indispensables

On finit ce (long) article avec les différents accessoires et équipements que j’ai trouvé génial (voir indispensable) lors de la diversification alimentaire de notre fils. On utilise d’ailleurs toujours la plupart encore maintenant ! Clique sur les noms des produits pour accéder aux sites commerçants (liens non affiliés).

Les pré-cuillères Num Num

De véritables indispensables en début de DME ! La grise (sans trou) est parfaite en tout premier grâce à sa surface texturée que bébé va d’abord utiliser comme un hochet et mâchouiller pour soulager ses gencives lors des poussées dentaires. Une très bonne façon de se familiariser avec cet ustensile avant d’y ajouter purée et compote (la texture adhère très bien à des préparations liquides). La taille et l’ergonomie des cuillères est également adaptées aux toutes petites mains. La cuillère bleue quant à elle peut accueillir plus de nourriture, avec des textures plus épaisses. Donc parfaite en second temps (personnellement je finissais d’écrabouiller les restes de morceaux avec pour que mon fils puisse finir de manger avec la cuillère).

Kit bavoir et plateau Tidy Tot

Un autre must have à mon sens si vous optez pour la DME… et que vous voulez limiter les dégâts au niveau du ménage post repas ! Clairement ça a sauvé ma santé mentale je pense ce kit plateau + bavoir (toujours plus la meuf). Non seulement l’ensemble protège bébé (du moins les vêtements, car bon la tête et les mains restent en première ligne), mais aussi la chaise haute et le sol lors des projections et des éclaboussures. Le plateau est plus grand que la longueur des bras, donc vraiment il y a beaucoup de place pour explorer à sa guise la nourriture devant lui, et gérer les mouvements approximatifs. Le bavoir se scratch au plateau, ce qui permet d’éliminer l’espace entre bébé et la chaise haute. Ainsi les aliments ne tombent pas au sol, sur la chaise haute ou sur les vêtements de bébé, mais restent dans ce qu’on a pris l’habitude d’appeler « la piscine », ou la « réserve ». Du coup les repas sont à la fois moins salissants et moins énergivores pour les parents. Après l’inconvénient bien sûr c’est qu’il faut nettoyer plateau et bavoir après chaque repas. Concernant les bavoirs je les lavais à la main rapidement après chaque repas, et je les passais régulièrement à la machine. J’en ai 3 en stock (+ 2 pour l’été à manches courtes), ce qui est bien pour faire un roulement. Après 14 mois d’utilisation quotidienne le plateau a commencé à montrer des signes de fatigue, et la partie où il y a scratch s’est finalement déchirée. Donc j’en ai commandé un neuf car même si les repas sont moins carnages qu’au début de la DME, j’aime bien le sortir lorsqu’il y a des aliments qui tâchent pas mal tel que de la sauce tomate. D’ailleurs, vous pouvez aussi utiliser les bavoirs et le plateau pour des activités manuelles un peu salissantes.

Tasse anti fuite + paille lestée Tumtum

Une tasse au top pour faire boire bébé dès le début de la diversification ! Elle est vraiment trop pratique (et chou en plus !), avec son couvercle rabattable anti fuite, sa paille lestée qui permet au bébé de l’utiliser dans tous les sens jusqu’à la dernière goutte. De plus pour avoir testé d’autres tasses à paille, l’aspiration se fait très facilement avec celle-ci, parfaite donc pour nos petits bouts. D’ailleurs on l’a toujours utilisé pour l’eau, mais si votre enfant boude son biberon, vous pouvez toujours tenter de le faire boire son lait dans ce contenant !

Assiette Antidérapante MINI Mat

Nous n’avons utilisé que cette assiette lors des premiers mois de la diversification. Son premier avantage est qu’elle adhère aux surfaces (table, plateau de chaise haute et même au plateau Tidy tot, bien qu’un peu moins), ce qui limite grandement les risques de lancés d’assiette. J’aime également le fait qu’elle ait plusieurs compartiments, ce qui est chouette pour séparer les aliments de façon à ce que bébé les distingue tous séparément.

Premières tasses Baby cup

Les mini tasses parfaites pour initier bébé à boire au verre et l’encourager à siroter ! Les dimensions sont pensées pour les plus petits, avec des rebord fin pour les petites bouches et une taille adaptées aux petites mains. On les a proposés à Milo dès son plus jeune âge, non pas sans accidents car il prenait ça comme un jeu (chouette chouette). Elle n’en reste pas moins super pour commencer à les habituer.

Couverts animaux marcus & marcus

Quand j’ai senti que les cuillères numnum avaient fait un peu leur temps et que de vrais couverts devaient nécessaires, on a testé ces petits couverts de marcus&marcus. En plus d’être choupinous, la poignée ergonomique est adaptée pour la paume de la main des bébés, ce qui facilite l’utilisation.

Set de 3 couverts ergonomiques Doddl

Dans la même idée, j’aime beaucoup aussi ce set de couvert ergonomique Doddl, notamment pour s’initier au couteau en sécurité.

Chaise haute Minla

Je vous partage également la référence de notre chaise haute dont nous sommes très satisfaits. Elle est confortable, maintient bien bébé, dispose d’un repose pied et a l’avantage d’être évolutive.


Je pense être arrivé au bout de cet article ! Ce fut très long, mais difficile de faire autrement vu le vaste sujet qu’est la diversification autonome. J’espère que ça vous a aidé, à découvrir ce qu’est la DME, à vous rassurer peut-être et vous conforter dans votre choix. N’hésitez pas à poser vos questions en commentaires, j’essaierais d’y répondre ! Néanmoins, je me répète mais il ne s’agit là que de mon expérience personnelle et des informations que j’ai tiré à droite et à gauche. Si vous avez des questions peut-être plus poussées, de véritables inquiétudes, vis à vis de votre propre appréhension et/ou des particularités de votre bébé, n’hésitez pas à en parler à votre professionnel de santé, ou à l’un des professionnels que j’ai pu citer plus tôt dans cet article. Et sinon et bien ENJOY ! Car la diversification alimentaire ça soulève pas mal de questions, d’inquiétudes, mais ça peut vraiment être un vrai plaisir et des souvenirs précieux pour plus tard.



6 thoughts on “Diversification alimentaire menée par l’enfant, notre expérience”

  • Tout y est il me semble !j ai le sentiment que cette méthode permettra de diminuer l étendue des troubles liés à l alimentation à l’âge adulte car quand même, se nourrir constitue un des plaisirs majeurs de la vie !
    C était vraiment très intéressant et instructif à lire !merci d avoir pris le temps de tout si bien détailler !

    • C’est exactement l’intérêt principal de cette méthode, découvrir l’alimentation simplement, avec une grande variété de textures et de goût. Ça a forcément un impact positif sur la suite !

  • Super article! Très complet et je me retrouve tout à fait dedans 🙂
    Mon petit bout a 9 mois et nous sommes plutôt dans une diversification mixte. C’est tellement satisfaisant de le voir évoluer et se débrouiller seul. Tu as raison ils ont soif d’autonomie! Comme tu dis c’est energivore par contre, ça demande une très bonne organisation au préalable pour être à 100% sur le moment. L’entourage ne comprend pas toujours pourquoi on s’obstine à me laisser manipuler et donc avouons le à salir tout dans un périmètre de 1 m autour de sa chaise mais nous sommes convaincus des biens fait.
    En conclusion , merci de partager ton expérience car ces grâce à ce genre de témoignages que j’ai franchit le pas et que ça m’a donné confiance ! Je rajouterai peut être aussi l’importance pour l’enfant de partager quelques repas avec ses parents. Notre fils mange tot, trop tôt pour nous mais nous essayons quand même 2 fois dans la semaine de partager notre repas avec lui. Rien de mieux qu’un bon repas pour partager un super moment de convivialité 😉

    • Effectivement tu as raison, j’en ai pas parlé mais c’est hyper important de partager des repas avec lui. Comme vous il y a encore des soirs où il mange avant nous mais on essaye de manger au maximum avec lui quand même. En plus comme il mange en autonomie on mange vraiment en simultané, et pour le mimétisme c’est super chouette

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